De passage seulement
dans Hochelaga
juste assez de temps
pour trimballer
un rêveur des amoureux
une mère sa fille
emmitouflés bigarrés las
De passage seulement
dans Hochelaga
juste assez de temps
pour trimballer
un rêveur des amoureux
une mère sa fille
emmitouflés bigarrés las
Queen-de-la-rue
exige
moins de peau à la vue
concurrence déloyale
universitaire
Son boutte de rue de trottoir
Va fumer ailleurs si j’y suis
OUEST/EST
Six œufs et une pinte de lait
Matins affamés :
retour à l’essentiel
Nicolas Laloux
L’homme de ma vie
Camel jaune
On ne naît pas fumeur, on le devient
Argent-ciel
Peut-être
qu’aujourd’hui
est le premier jour du reste
de ma vie
Jus d’ananas en canne
Soudaine envie d’exotisme
ou
simple poussée de nostalgie
Pabst
Pendaison de crémaillère
oblige.
Le Journal de Montréal
Le TRAFIC des diamants SALES de PLAYMATE à maman
Qui sont ces ANARCHISTES? Le CANADIEN rebondit
Vedette PORNO malgré elle Barrette GRAS DUR
Chips sel et vinaigre
Faire le plein
de victuailles et
terrasser Ganondorf
Jus oasis
Se téter quelques vitamines C
Fromage mi-fort
Une date qui s’annonce
à la dernière minute par texto
Bouffe pour chats
Toujours oublier d’y acheter ses croquettes sans-gras-végé-ultra-santé
Petites grenouilles en gélatine
Retomber en enfance en laissant fondre
un souvenir sous la langue
Tampax
Faut ben passer
à travers la semaine
Caisse de Tremblay
Faut ben passer
à travers la semaine
Tes
lumières (me) gossent
dans le refuge
végétal
qui me dé/coupe
de Joliette
Parfois j’arrive à
tacher mes yeux
des tiens
pis à distinguer les étoiles
urbaines.
Ai filé à l’anglaise
– Sortie d’urgence –
effilé souper
à mots tirés
couverts
par nappe
et napkins
assorties.
Ai couru sur Du Quesne
mais n’ai pas rattrapé
l’étoile filante
Marcher
ou plutôt
hochelaguer
ma trajectoire
au lieu d’attendre
solitaire
en vain
deboutte
grise
en orbite
le prochain.
Préférer
faire corps avec l’asphalte
pas à pas
élaguer
pour plus tard rêver
à ses crevasses
cicatrices
peu à peu
les panneaux publicitaires
n’annoncent plus Canal Vie
mais les buffets chinois
en spécial
Ai franchi la frontière
Prendre la soixante-sept
pour faire le soixante-neuf
Traverser Rosemont
et retrouver
un hochelagais
en exil
qui prend son café Atomic
plutôt que Lézard
ses voisins
fauchés
plutôt que parents
de petits braillards
qui préfère (feu) Michelle BBQ
au Monaco de Masson
qui s’émeut devant
le Stade olympique
au lieu d’errer
sur Plaza Saint-Hubert.
Reste
que c’est
à la Succursale
qu’il prend
sa bière
et pas
Chez Françoise.
Y’en aura pas de facile
Entre les cônes fluorescents et les feux
Qui se colorent pas assez vite
D’autres débris
corps gras et épars
s’agrippent faiblement
aux bancs
mauves
dégueulasses
eux aussi retournent
à leur appart frette
après avoir manqué
le Dernier Métro
Pas facile non
des papiers
qui traînent
ma peur
de rencontrer quelqu’un
que je pourrais connaître
(et pas reconnaître)
Qui saurait à quoi je ressemble
quand je parle
de façon cohérente
quand j’ai l’air
présentable
quand je suis
en contrôle
Pis que
j’ai pas huit pintes
dans le corps
Étrange, l’Hochelaga.
Territoire débusqué au creux d’une pente, au moment où la vitesse à laquelle tournent les roues du vélo accélère, laissant de moins en moins de contrôle sur la direction – droit devant, vers le Sud, toujours plus au sud, toi qui viens du Nord, de beaucoup plus loin au nord.